Faire le choix de la peinture c’est pour moi faire le choix de laisser le concept dans sa boite, user de moyens traditionnels pour fabriquer des images peintes dans le soucis de chercher à me situer par rapport à la peinture et son histoire. Les trente ans qui sont passés depuis que j’ai débuté ma pratique ont surtout été consacrés à nourrir mon regard, cultiver l’oeil et la main par des recherches quotidiennes sur divers artistes et période de l’histoire de l’art. Ainsi, je regarde de près la peinture des autres, je fais mes choix, je laisse l’influence s’installer et je revisite avec mes outils et mes moyens ce que d’autres ont fait avant moi. La peinture de paysage française du XIXè et la peinture hollandaise du XVIIè attirent aujourd’hui toute mon attention et m’ont donné de quoi développer mon travail depuis déjà quelques années. J’y vois une peinture de la lumière et de l’espace, une peinture de la contemplation poétique et du silence, c’est ce que je souhaite rendre dans mes tableaux. Dans le vacarme contemporain je veux orienter mon regard au delà de la ligne d’horizon, observer le ciel, comprendre les nuages et leur mouvement. Les nuages figés par le pinceau sont une puissante référence au mouvement mais aussi au temps. Les nuages sont en perpétuel mouvement et leur configuration est unique à chaque instant. A cet espace du temps/mouvement j’associe des vestiges, figés, eux, dans leur poésie de l’abandon, restes d’une époque, symboles d’une éternité figée contrariée par l’effondrement et toute cette matérialité richement esthétique de l’objet que la corrosion amène au délitement. A l’instar du védutisme Vénitien du XVIIIè, mes paysages rendent compte d’un lieu, en toute simplicité, mais avec pour objet principal de parler d’une poésie décalée de notre quotidien. La ligne d’horizon est souvent très bas dans l’image car le monde d’aujourd’hui ne me convient pas toujours tel qu’il est, je préfère souvent lever les yeux et admirer le mouvement éternel, inéluctable et constamment renouvelé du ciel